Le pôle éco va produire une série de fiches pédagogiques sur inflation, revenus et pouvoir d’achat à l’image de celles sur la dette. Voici la première de ces fiches.
Le terme d’inflation est souvent utilisé abusivement pour parler de l’évolution des prix. Certes, l’évolution des prix est mesurée par le taux d’inflation. Cependant, comme le rappelle l’Insee[1] , « l'inflation est la perte du pouvoir d'achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix ». Nous allons donc expliciter cette définition et indiquer les autres concepts utilisés pour parler de l’évolution des prix.
[1] https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1473
- Qu’est-ce que la « perte de pouvoir d’achat de la monnaie » ?
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Comme souvent en économie, il est important de distinguer le « nominal » du « réel ». Une valeur en « nominal » correspond à un nombre pris en valeur absolue, indépendamment de toute autre valeur. A l’inverse, une valeur exprimée en termes « réels » est rapporté à d’autres éléments, généralement les prix.
Prenons un exemple pour comprendre :
Imaginons qu’au 1er janvier de l’année N, on dispose de 100€ et la baguette de pain coûte 1€. Notre pouvoir d’achat est donc de 100 baguettes de pain.
En nominal, nous disposons donc de 100€. Ces 100€ ont une valeur « réelle » de 100 baguettes.
Si durant l’année N il y a une inflation de 5% et que le prix de la baguette de pain passe à 1,05€. Avec 100€, on ne peut plus qu’acheter 95,2 baguettes (100/1,05).
En nominal, on dispose toujours de 100€ mais la valeur réelle de ces 100€ n’est plus que de 95,2 baguettes.
Le pouvoir d’achat de nos 100€ a donc été réduit. Puisque la monnaie n’a d’intérêt que parce qu’elle peut être convertie en biens et services, la valeur nominale a peu d’importance, ce qui compte c’est ce que permet d’acheter cette monnaie.
Prenons un autre exemple pour mieux illustrer cette distinction entre nominal et réel :
En France, on parle beaucoup des « millionnaires » puisque un million d’euros est un chiffre rond qui parle aux gens et qui marque en quelque sortes l’appartenance au « club » des très riches. Mais cette référence au million n’a de sens que dans un contexte bien défini, en l’occurrence l’€ et avec les prix que nous connaissons aujourd’hui. Être millionnaire aujourd’hui, ce n’est déjà pas la même chose que d’être millionnaire il y a près de 20 ans, au début de l’euro.
Mais prenons une situation plus évidente encore. Aujourd’hui, 1€ vaut environ 650 francs CFA[1] , le Smic brut vaut donc un peu plus d’un million francs CFA. On voit donc que si l’on raisonne dans cette monnaie, la notion de « millionnaire », qui est une référence à une valeur nominale, n’a plus aucun sens.
[1] Le Franc de la Communauté financière africaine (CFA) est une monnaie africaine utilisée notamment par le Sénégal, le Mali, le Niger ou encore le Togo.
- Qu’est-ce que l’ « augmentation générale et durable des prix » ?
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Cette définition nous donne surtout des éléments sur ce qui n’est pas considéré comme de l’inflation. En effet, si l’inflation correspond à une augmentation générale et durable des prix, cela signifie qu’une augmentation temporaire et ciblée du prix de certains produits n’est pas assimilée à de l’inflation.
Au début de la crise sanitaire, la ruée sur les gels hydro-alcooliques a fait exploser les prix de ces produits, obligeant même le gouvernement à réagir et à bloquer les prix. Les prix ont rapidement retrouvé leur niveau d’avant crise. Cet épisode de très forte augmentation des prix, qui concernait quelques produits en particulier et a duré très peu de temps ne peut être considéré comme de l’inflation au sens économique du terme. Pour autant, ces augmentations, même temporaires, sont prises en compte dans le « taux d’inflation » appréhendé par l’Indice des Prix à la Consommation[1].
[1] La mesure de l’inflation fera l’objet d’une autre fiche spécifique
- Quelques définitions de concepts autour de l’inflation.
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Déflation : La déflation c’est l’inverse de l’inflation, c’est donc une baisse générale et durable des prix. Cela peut paraître être une bonne nouvelle ; nous montrerons dans une prochaine fiche que la déflation est une catastrophe économique.
Désinflation : La désinflation correspond à un taux d’inflation positif mais moins élevé que les périodes précédentes. Cela signifie que les prix continuent d’augmenter mais moins fortement qu’avant. Par exemple, si en N l’inflation est de 5% et qu’en N+1 elle est de 4%, on parlera alors de désinflation.
Hyperinflation : Comme son nom le suggère, l’hyperinflation caractérise des périodes où l’inflation est extrêmement forte et totalement incontrôlable. Il n’existe pas de seuil d’inflation clair à partir duquel on parle d’hyperinflation. Toutefois, certains épisodes historiques, et d’autres très récents, sont des exemples marquants de l’hyperinflation. Le plus connu est peut-être le cas allemand juste après la première guerre mondiale. Pour illustrer cette hyperinflation, notons qu’en 1920 les allemands utilisaient couramment des billets de 100 marks tandis que fin 1923 des billets d’une valeur de 100 milliards de marks étaient imprimés.
Plus récemment c’est le Venezuela qui a connu un épisode d’hyperinflation.
Ces épisodes sont d’abord le résultat d’une incapacité à instaurer la confiance dans la monnaie
Stagflation : Ce terme est un néologisme issu de la contraction des mots stagnation et inflation.
Généralement, une inflation stable et modérée est observée dans une économie dynamique et en croissance[1]. La stagflation désigne des situations dans laquelle l’économie stagne, il n’y a pas de croissance mais pourtant il y a de l’inflation qui persiste.
[1] L’impact de l’inflation sur l’économie sera expliqué plus longuement dans une autre fiche