POINTS CLEFS PLFSS - Réseau France Santé

Publié le 27 nov. 2025
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Le PLFSS prévoit la création d’un Réseau France Santé, dispositif national dont la mission principale serait de garantir un accès simple, rapide et équitable aux soins de proximité pour chaque citoyen.ne sur l'ensemble du territoire français.

Cet engagement, porté par l'État et l'Assurance Maladie, vise à garantir un accès à une solution de santé en moins de 30 minutes et d’obtenir un rendez-vous médical sous 48 heures.

Le dispositif s’inspire du modèle des Maisons France Services (MFS), mises en place par l’Etat afin de compenser la disparition progressive des services publics dans les territoires.

Pourtant, ces structures n’ont souvent constitué qu’un service au rabais, perçu comme un simple palliatif pour les usager.es. Leur personnel, peu qualifié, en effectifs insuffisants et rarement protégé par un statut pérenne, a contribué à faire des MFS des « vitrines politiques » avant tout. Ce modèle se révèle d’autant plus inefficace qu’il s’inscrit dans une stratégie de dématérialisation généralisée de l’État. Or, c’est près de 13 millions de personnes qui rencontrent des difficultés avec le numérique, en particulier les publics les plus âgés. Loin de répondre réellement aux besoins des usager.es, ce dispositif a surtout permis de masquer le désengagement massif de l’État et la diminution continue des services publics.

Mise en œuvre :

Le Réseau France Santé vise à consolider et labelliser des organisations de soins déjà existantes. Ses missions sont de rendre l'offre lisible et d’améliorer l'accessibilité en renforçant l'offre dans les territoires où l’accès aux soins est le plus difficile.

Pour être labellisée, une structure doit répondre à une charte de qualité et à un cahier des charges simple, garantissant une offre socle de services :

  • Accessibilité temporelle : être ouverte au public au moins cinq jours sur sept.
  • Accessibilité financière : assurer des consultations sans dépassement d’honoraires (secteur 1).
  • Permanence des soins : proposer des rendez-vous en moins de 48 heures si besoin et participer au Service d’Accès aux Soins (SAS).
  • Présence de personnel : garantir la présence d’un infirmier, que ce soit au sein de la structure ou à proximité.

Une enveloppe financière de 150 millions d’euros a été programmé dans le PLFSS 2026 pour financer le développement de ces structures. Chaque structure labellisée bénéficiera d'un financement pérenne d’en moyenne 50 000 euros par an. Cette somme doit aider les professionnel.les à maintenir le cahier des charges, par exemple en finançant l'aménagement d'un bureau pour un interne, le salaire d'une secrétaire de coordination, ou le recrutement d'une infirmière coordinatrice

L'objectif est d'atteindre 2 000 structures labellisées d’ici mi-2026 et 5 000 en 2027.

Le pilotage territorial du Réseau France Santé serait confié aux Agences régionales de santé (ARS), aux CPAM, et aux préfets.

Pourtant, le dispositif comporte plusieurs obstacles majeurs :

  • La « concurrence » entre les collectivités locales dans le domaine de la santé est extrêmement préjudiciable à l’accès aux soins.
  • Le dispositif se concentre principalement sur l'accès aux soins de premier recours, alors que d'autres besoins sont nécessaires, notamment en santé mentale et pour la prise en charge des maladies cognitives et dégénératives.
  • Dans les zones où les professionnel.les sont presque inexistant.es, la stratégie consiste simplement à s'appuyer sur des organisations minimales, comme l'utilisation des pharmacies pour des téléconsultations.

Pour la CGT, la création d’un label ne résoudra en rien les problèmes structurels d’un réseau de soins déjà largement insuffisant. Le gouvernement préfère faire de l’affichage politique plutôt que d’engager les investissements massifs nécessaires pour garantir une offre de soins de qualité sur tous les territoires.

Les faibles financements proposés pour « accompagner » les professionnel.les de santé ne permettront ni d’améliorer durablement leur fonctionnement, ni de répondre aux besoins réels de la population.

Si l’offre de soins était à la hauteur, accessible partout et pour toutes et tous, il n’y aurait aucun besoin de créer artificiellement un label pour la mettre en valeur. Ce dispositif masque une réalité bien plus préoccupante : l’incapacité du gouvernement à assurer un service de santé public digne de ce nom.

La CGT continue de défendre un développement ambitieux des centres de santé non lucratifs sur l’ensemble du territoire, tout en revendiquant un service public de santé et d’action sociale de qualité et de proximité.

Elle réaffirme la nécessité de garantir :

  • Une véritable régulation de l’installation des médecins, dans un contexte où 11 % des personnes de 17 ans et plus sont sans médecin traitant.
  • La salarisation des médecins libéraux au sein des maisons de santé, sur le même modèle que les centres de santé.
  • Un accès de proximité à des soins de qualité pour toutes et tous.

La préservation et le développement des centres de santé non marchands constituent un levier essentiel afin de lutter contre la désertification médicale, et pour assurer l’accès aux soins pour l’ensemble de la population (Fiche revendicatif n°22).

Repère revendicatif