Les vrais chiffres des inégalités salariales en Europe

Publié le 28 mai. 2021
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Les vrais chiffres des inégalités salariales en Europe Selon la proposition de Directive européenne « visant à renforcer l’application du principe de l’égalité des rémunérations entre hommes et femmes pour un même travail ou an travail de même valeur par la transparence des rémunérations et les mécanismes d’exécution » du 4 mars 2021 : « L’écart de rémunération entre hommes et femmes dans l’UE continue de se situer aux alentours de 14 % »...

Les vrais chiffres des inégalités salariales en Europe

Selon la proposition de Directive européenne « visant à renforcer l’application du principe de l’égalité des rémunérations entre hommes et femmes pour un même travail ou an travail de même valeur par la transparence des rémunérations et les mécanismes d’exécution » du 4 mars 2021 : « L’écart de rémunération entre hommes et femmes dans l’UE continue de se situer aux alentours de 14 % ». Cet indicateur officiel, retenu dans toutes les publications de l’UE, depuis au moins deux décennies, mesure la différence entre la rémunération horaire brute moyenne des hommes salariés et des femmes salariées, en pourcentage du salaire horaire brut moyen des hommes salariés.

Mais ces données officielles masquent une part importante des écarts salariaux en ne traitant que les écarts de taux horaires. Ainsi l’Europe gomme une réalité importante en Europe : le temps partiel. Ce dernier a connu un développement conséquent ces dernières années, en ayant des réalités certes différentes d’un pays à l’autre, mais avec toujours un point commun : c’est un caractéristique importante de l’emploi féminin et rarement masculin.

Notons ainsi que le temps partiel atteint en 2019, 75 % de l’emploi des femmes hollandaises. Il dépasse les 46 % de l’emploi des femmes en Allemagne et en Autriche, et les 40 % au Royaume-Uni. Il est assez soutenu dans les pays scandinaves et il a fortement augmenté en Italie (32 % soit plus que la France (29%, données Eurostat).

Or, le temps partiel est l’une des premières causes des inégalités salariales globales et si l’on prenait des données sur les écarts de salaires mensuels, en intégrant le temps partiel, ces écarts seraient nettement plus élevés (on passe souvent du simple ou double, et on dépasse les 30 %). En France, la dernière enquête Insee disponible pour l’année 2017, établit l’écart global (toutes durées du travail confondues) à 28,5 % et à seulement 16,8 % l’écart en équivalent temps plein (c’est-à-dire en neutralisant l’effet du temps partiel), ce qui est proche de l’écart de taux horaire.

Parler en termes horaires, c’est supposé que le fait de travailler plus ou moins longtemps serait un choix véritable, offert tout autant aux femmes et aux hommes. Il n’en est rien. Si le temps partiel est si féminisé c’est parce qu’il s’est développé sous différentes contraintes : poids du travail domestique des femmes et « spécialisation » des rôles sociaux ; offre massive de travail à temps partiel dans des secteurs féminisés, politique de l’emploi…

Bien sûr, il y a plusieurs logiques au temps partiel et il s’agit parfois d’une demande de certaines femmes. Mais cela ne veut pas dire que ces « choix » ne soient pas sous contrainte (modes d’accueil insuffisants pour les enfants ou des personnes dépendantes, non partage des tâches domestiques avec le conjoint, absence de conjoint, ou encore, - question tabou – conditions de travail trop difficile…).

Comparer seulement les salaires horaires, c’est gommer toutes ces contraintes qui pèsent avant tout sur les femmes, c’est nier le poids de la division sexuée du travail et des temps au sein des ménages. Et c’est pourtant cette règle qui s’applique officiellement en Europe…

Pour prendre en compte toute la réalité du travail des femmes, il faut exiger que les données, en France comme en Europe, affichent les inégalités salariales globales, en distinguant les écarts mensuels, toutes durées du travail confondues, puis les écarts salariaux horaires ou en équivalent temps plein.
Autres sources :

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