L’explosion du nombre de milliardaires avec la pandémie ; symbole d’un système économique en phase terminale

Publié le 15 juin. 2021
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NB : Cet article a été publié dans la Lettre Éco de mai 2021 La crise ne fait pas que des perdants. Comme le rappelle le Financial Times (FT) Le nombre des ultra-riches et leur patrimoine explosent à la faveur de la pandémie[1]. L’occasion de rappeler l’urgence d’un changement radical de modèle. [1] https://www. ft. com/content/747a76dd-f018-4d0d-a9f3-4069bf2f5a93 Un boom des milliardaires avec la pandémie C’est dans les pages du Financial Times (qu’on ne peut guère accuser de proximité avec la CGT) que l’on trouve des chiffres effarants sur le « boom » des milliardaires à travers le monde...

NB : Cet article a été publié dans la Lettre Éco de mai 2021

La crise ne fait pas que des perdants. Comme le rappelle le Financial Times (FT) Le nombre des ultra-riches et leur patrimoine explosent à la faveur de la pandémie[1]. L’occasion de rappeler l’urgence d’un changement radical de modèle.


[1] https://www.ft.com/content/747a76dd-f018-4d0d-a9f3-4069bf2f5a93

Un boom des milliardaires avec la pandémie

C’est dans les pages du Financial Times (qu’on ne peut guère accuser de proximité avec la CGT) que l’on trouve des chiffres effarants sur le « boom » des milliardaires à travers le monde. Le journal s’inquiète que cette augmentation vienne nourrir un sentiment « anti-milliardaires » - inquiétude pas totalement dénuée de fondement, soyons honnêtes. Citant la liste « Forbes » des milliardaires en 2021, le FT note 700 milliardaires de plus par rapport à 2020 ce qui correspond à une hausse de 35% du nombre de milliardaires. Le poids des milliardaires en % du PIB a également explosé comme le montre la part en bleue foncée du graphique ci-dessous avec une grosse performance des milliardaires français dont le patrimoine passe 11% à 17% du PIB. La seule fortune de Bernard Arnault (150 milliards de $, soit environ 122 milliards d’€) représente 5.1% du PIB annuel du pays. C’est trois fois le budget de la transition écologique pour garder un ordre de grandeur.

« Le patrimoine des super-riches a grossi pendant la pandémie » ; source : FT
« Le patrimoine des super-riches a grossi pendant la pandémie » ; source : FT

 

Comment l'expliquer?

Plusieurs facteurs rentrent en ligne de compte. Gardons en tête un élément crucial : la fortune des milliardaires n’est pas composée de « cash » et Bernard Arnault n’est pas assis sur une montagne de billets sur le mode de « Picsou ». La fortune des milliardaires est majoritairement composée d’actifs financiers, en premier lieu d’actions. Ce sur quoi Bernard Arnault est assis, comme le reste des milliardaires, c’est sur du pouvoir ! Le pouvoir de décider de l’organisation de la production, pour enrichir les actionnaires.

Les Banques Centrales des différents pays ont créé plusieurs milliers de milliards de $ de monnaie supplémentaire. Cette monnaie est venue abreuver les marchés financiers, et ont soutenu la valeur des actifs financiers (c’est notamment ce qui explique la remontée en flèche du CAC 40 en France). Cette remontée des actifs financiers a donc fait exploser le patrimoine des plus riches, qui sortent donc à nouveau grands gagnants de la crise.[1]

Du moins pour l’instant. Le Financial Times s’inquiète de possibles mouvements sociaux; il est en effet difficilement compréhensible que certains s’enrichissent en période de crise quand la majorité trinque. On voit bien combien cela renforce notre argumentaire CGT et l’urgence d’en finir avec un système économique totalement défaillant.


[1] Pour comprendre le fonctionnement de la bourse : https://analyses-propositions.cgt.fr/memo-eco-covid-mais-au-fait-quoi-sert-la-bourse

80% des milliardaires ont hérité de leur fortune

Mais la fortune des milliardaires ne date pas de la pandémie. La justification ? Le « génie » de nos classes dominantes, leur capacité d’innovation, leur vision particulière. Loin, très loin de la réalité :

Comme le montre le graphique, 80% des milliardaires français (en vert) ont… hérité de leur fortune ! Nous sommes les champions du monde de l’héritage et des privilèges. Sans doute sommes-nous incapables de mesurer l’effort considérable qu’il faut pour… bien naître. Evidemment, cela reproduit les inégalités (les vacances en Jet Ski pour les uns, l’été au travail pour les autres) mais cela reproduit surtout la domination d’une poignée d’individus sur nous tous-tes ; le pouvoir économique se transmet de génération en génération.

La pandémie révèle à nouveau la déconnexion totale entre l’expérience de celles et ceux qui travaillent et de ceux qui s’accaparent les fruits du travail. C’est une affaire d’inégalités (et donc de fiscalité), mais c’est surtout une affaire de pouvoir (reprendre le contrôle collectivement sur la production et la répartition des richesses). Nos revendications sont plus que jamais d’actualité, et les privilèges retourneront à leur juste place : les livres d’histoire.

Repère revendicatif